L'apprentissage
 

C’est avec cette équipe de bras cassés que j’ai appris à jouer. Cette équipe dont les joueurs m’éblouissaient par leurs attaques, leurs passes précises, leur défense. Ils m’ont tout enseigné et si, malheureusement, je n’ai jamais été aussi brillant qu’eux, ils m’ont au moins donné l’amour du volley-ball. Pour l’auteur de ce site, le RUA volley, c’est d’abord ces neufs noms cités.

Et si les Sirven, Grolleau, Rochiccioli Pierre et Elie (dit Lilou), Velsh, Menotti, Baletti visitent un jour ce site, qu’ils sachent bien que je n’ai rien oublié de leur gentillesse et de leur accueil. S’ils prennent contact avec moi, ils seront très bien reçus.

Et pour les bons moments passés au RUA, moments que je garde à jamais dans ma mémoire (la preuve !), je leur redis un grand merci !

Le journal du RUA avait cessé de paraître le mercredi 31 mai 1939. Mon père lisait Le RUA.
Je vois dans ce dernier numéro, un titre en caractère gras : « A la Coupe ! A la Coupe ! ».
L’article est signé d’Edmond Brua.

La prose de Camus que nous prenons toujours plaisir à lire et surtout à relire.

Et puis : L’article du « Toubib ». Signature : Dr BADAROUX , Président Général du R.U.A.
Nous respectons les noms en lettres capitales, les majuscules.
Les publicités :

Roche–Tissus,VICHY-CELESTINS,
LA GAUDERIQUE 18, rue Elie de Beaumont à Alger, FERRERO PATES et COUSCOUS, chaussures Bally, etc.

Dernière parution du R.U.A. le 30 mai 1956. Taire la douleur de nos cœurs brisés.

Je lis aussi : « Encore une victoire ruaïste : celle de Norbert Marfaing dans la coupe de la Jeunesse ». Des publicités : Hôtel Aletti, hôtel des sportifs. Bastos créé en 1838. Toujours jeunes ! Papeterie Baconnier 4, rue de Constantine, ALGER. Des noms que nous entendions si souvent. Des noms qui faisaient partie de notre vocabulaire.

Quatorze ans plus tard le RUA revenait. Premier titre : Le « R.U.A. » ressuscite. Et ensuite un deuxième titre : La belle époque… Un article d’Albert Camus.

Remise de la coupe au RUA? Mais quelle coupe ? Oublié ! Et puis qu’importe ? Nous en avions tellement remporté des coupes. Une de plus.

Les jeunes (dont mon frère) revenaient des matches de foot où le R.U.A. avait été malmené en chantant : Non, non, non le R.U.A. n’est pas mort… Nous avons envie d’écrire : la preuve, il vit encore en nous. Ce chant, c’était aussi une allusion à Camus et à son Etranger, mais nos jeunes n’avaient peut-être pas lu Camus.Mon frère Gilles est resté au RUA section football jusqu’en 1961 mais, pendant cette affreuse période de guerre civile, s’est-il beaucoup entraîné ?
Je prends plaisir à inscrire cette citation de L’étranger : « Les tramways suivants ont ramené les joueurs que j’ai reconnus à leurs petites valises. Ils hurlaient et chantaient à pleins poumons que leur club de périrait pas. »

Pardonnez-nous mais il n’y avait pas de sport à Alger sans le grand journaliste Tony Arbona de la Dépêche quotidienne. Appréciait-il le volley ? Nous, nous l’aimions tous.

Cette photo me déchire le cœur. Au bas, on aperçoit un pot au lait. Or, ma grand-mère qui habitait Belcourt, y tenait une laiterie.

Ce pot venait, je pense, de chez elle. Sinon le pot, au moins le lait car madame Camus mère et elle étaient amies et papotaient le soir à la fraîche.

Puis-je citer Albert Camus ? : «La mer, le soleil, le sable chaud, les géraniums et… les bois d’eucalyptus ? On touche le bonheur. Je ne pourrai jamais vivre en dehors d’Alger. Jamais. Je voyagerai car je veux connaître le monde mais, j’en ai la conviction, ailleurs, je serai toujours en exil. »Je ne pourrai jamais vivre (…).

Camus emploie ici le futur et non le conditionnel. Il est parti d’Alger bien volontairement et bien avant nous qui avons eu une mitraillette dans le dos. Les écrivains (comme les hommes politiques), ont souvent la mémoire courte. Qu’importe, seul le talent compte pour eux et le talent, Camus en était bourré.